La Manu
On l’appelle encore avec tendresse « la Manu ». Ici, c’est toute histoire qui, pendant plusieurs siècles, a lié dans le même destin tour à tour favorable et défavorable, une ville, une industrie, une communauté. A un moment douloureux fait de la peur d’une disparition, d’un sentiment de gâchis et de résignation plutôt que de colère, la journaliste Catherine Nisak a rencontré pendant plusieurs mois des ouvriers, des techniciens, des cadres de trois générations différentes.
Portraits, évocation de la vie à l’atelier, des histoires qu’on s’y racontait, des surnoms qu’on portait, ou encore des expressions qu’on employait, constituent, avec des données historiques, topographiques ou chiffrées, ce supplément de l’Echo.
Des commentaires sur la situation actuelle de la Manu, le rappel des luttes qui furent menées, complètent un travail qui loin de s’en tenir au discours dépressif ambiant, tente de transmettre par une mise en forme et une re-présentation, la richesse d’une identité et d’un savoir social considérable.
Nulle prétention exhaustive ni monographique, mais des fragments sensibles et significatifs pour révéler, faire connaître et accompagner les acteurs de la Manu dans leur histoire contemporaine. Une histoire humaine, dont la portée dépasse le strict cadre local et revêt une dimension universelle.
On était Manu
5 vidéos d’entretiens autour de la mémoire d’anciens employés.
A partir de 2017, Peuple et Culture (en partenariat avec la Ville de Tulle et l’association des Amis du patrimoine de l’armement tulliste) a filmé les anciens salariés de la manufacture d’armes de Tulle pour transmettre une partie de cette mémoire ouvrière tulliste. Au fil des rencontres et des témoignages se sont déployées cinq thématiques incontournables.
La Manu, ascenseur social
« La Manu, ascenseur social », ou comment par l’excellence de son école d’apprentissage la Manu a formé toutes générations confondues, des milliers d’Ouvriers d’État, de techniciens et d’ingénieurs aux différents métiers de l’industrie ; comment elle a permis à des jeunes gens issus de milieux très modestes de se former et de s’élever socialement et grâce à l’émergence de ces « ouvriers-paysans » de maintenir un paysage rural.
Les luttes, le militantisme, les « révoqués »
Dans les années 1950 la Manu vit plusieurs épisodes très difficiles dont celui dit « des révoqués». 45 ouvriers militants syndicaux engagés dans la lutte des droits des travailleurs sont licenciés. Plusieurs témoignages se suivent dans ce montage pour dire la dureté de ces événements et rappeler la mémoire de ces hommes et femmes. Parmi eux, Jeannot Eyrolles déporté le 9 juin 1944, revenu miraculeusement des camps de concentration, qui reprend le travail au « cul de sa machine » pour être rapidement révoqué pour faits de militantisme. Il sera réintégré en 1983.
La casse
« La formation était d’une telle exigence que chacun d’entre nous, dans le métier qui était le sien, pouvait être le meilleur ».Fraiseur, rectifieur, canonnier, platineur, ouvrier sur machine à pointer,… . A chaque geste, prendre le temps de faire les choses « bien » que ce soit pour « percer à l’œil » ou pour « taper le micron » sur les machines de la plus haute précision. Le savoir-faire est tel que la Manu conçoit également les machines et outillages les plus performants qui permettent de réaliser ses fabrications.Mais la Manu c’était aussi une ville dans la ville où tous les métiers étaient présents : médecin, psychologue, horlogers, graveurs, forgerons, plâtriers peintres, menuisiers, jardiniers… et plus étonnant, le dresseur de canon. La haute technicité de Tulle qui était un établissement de référence en mécanique aurait pu permettre le déploiement de nombreuses pistes de diversification, il y avait la matière grise et les machines pour cela. Il s’agit… Seulement voilà.
En autarcie, les métiers, les savoir-faire industriels
« La formation était d’une telle exigence que chacun d’entre nous, dans le métier qui était le sien, pouvait être le meilleur ».Fraiseur, rectifieur, canonnier, platineur, ouvrier sur machine à pointer,… . A chaque geste, prendre le temps de faire les choses « bien » que ce soit pour « percer à l’œil » ou pour « taper le micron » sur les machines de la plus haute précision. Le savoir-faire est tel que la Manu conçoit également les machines et outillages les plus performants qui permettent de réaliser ses fabrications.Mais la Manu c’était aussi une ville dans la ville où tous les métiers étaient présents : médecin, psychologue, horlogers, graveurs, forgerons, plâtriers peintres, menuisiers, jardiniers… et plus étonnant, le dresseur de canon. La haute technicité de Tulle qui était un établissement de référence en mécanique aurait pu permettre le déploiement de nombreuses pistes de diversification, il y avait la matière grise et les machines pour cela. Il s’agit… Seulement voilà.
Fabriquer des armes
Si pour beaucoup des travailleurs de la Manufacture d’Armes de Tulle, le travail était avant tout de la mécanique de haute précision certains se pose aujourd’hui la question de la finalité des objets manufacturés.
La Marque
En 2006, l’usine de la Marque, deuxième bastion industriel de la Ville après la Manufacture d’armes est déménagée dans la zone industrielle de la Montane à Eyrein au nord de Tulle. Les locaux sont rasés et remplacés par un centre commercial et Tulle vidé de sa substance ouvrière.
Peuple et Culture organise en octobre 2008 plusieurs initiatives autour de cette amputation.
Ceux de la Marque (2008)
Portraits vidéo d’ouvriers et d’ouvrières, de l’usine de la Marque à TULLE, filmés par l’équipe de Peuple et Culture. Ces portraits témoignent de différentes époques, du travail, de la richesse et du bonheur d’une vie sociale, collective, solidaire ; des amitiés généreuses, des luttes, des moments durs des licenciements des copains “que plus tard on hésitait à croiser de peur de les trouver encore au chômage”, de leur colère et de leur tristesse que l’usine ait été transférée hors de Tulle pour des prétextes qu’ils jugent aujourd’hui fallacieux.
Archives
Contenu en cours de publication...