Lussas hors les murs : spécial Gaza
Vendredi 28 novembre, Tulle, salle Latreille haut, 18h & 20h30, projection des films With Hasan in Gaza de Kamal Aljafari et À Gaza de Catherine Libert. En présence de Christophe Postic, directeur artistique des Ėtats généraux du cinéma documentaire de Lussas
Les Etats généraux du film documentaire se tiennent chaque année à Lussas en Ardèche depuis 1989. C’est un rendez-vous majeur pour les professionnels et le grand public, axé sur le documentaire de création. L’évènement propose des projections sans compétition, des rencontres et des ateliers favorisant les échanges et la découverte. C’est l’un des trois grands festivals français du genre. Chaque année des membres de l’équipe de Peuple et Culture s’y rendent pour nourrir la programmation des films diffusés dans son réseau.
18h
With Hasan in Gaza de Kamal Aljafari (2025 – 106’)
Le temps d’une projection, au Festival international du film de Locarno (Suisse), le gris cendre des images d’actualité sur Gaza a cédé la place à des couleurs vives dans un film d’archives, tourné en 2001 dans l’enclave palestinienne : le jaune des citrons sur un étal de marché, le bleu d’une chaise de café rappellent un temps où la bande de Gaza était vivante, bien que déjà profondément meurtrie par le conflit avec Israël. Aujourd’hui, le territoire n’est plus qu’un champ de ruines, après des mois de destructions par l’armée israélienne.
Synopsis. Trois cassettes MiniDV datant de 2001, témoignant de la vie à Gaza, viennent d’être redécouvertes. Ce qui avait commencé comme la recherche d’un ancien compagnon de cellule de 1989 se transforme en un périple inattendu sur les routes de Gaza avec Hasan, un guide local dont on ignore le sort. Une réflexion cinématographique sur la mémoire, le deuil et le temps qui passe, fixant l’image d’un Gaza du passé et de vies qui pourraient avoir à jamais disparu. Ces images, oubliées pendant 24 ans, ont été réinvesties par le réalisateur, d’abord dans le but de retrouver ce camarade de prison rencontré en 1989. Elles témoignent déjà du quotidien des Palestiniens confrontés au système carcéral inhumain imposé par Israël. Aujourd’hui, ces archives deviennent une véritable source documentaire, révélant des fragments de vies passées que le cinéaste s’est retrouvé à explorer au fil de ce voyage.
Kamal Aljafari a fait de ces images un film sur la mémoire et la disparition. À travers ces moments de vie filmés, ces lieux et ces existences effacés, il construit une réflexion profonde sur la perte et le souvenir.
20h repas partagé
20h45
À Gaza de Catherine Libert (2024 – 102’), en sa présence
Mahmoud, jeune chirurgien, témoigne en direct de la destruction de l’hôpital dans lequel il travaille comme urgentiste à Khan Younés, et filme la débâcle de son évacuation. Motaz, dans son lourd gilet pare-balle bleu marine dont les inscriptions blanches « press » ne le protègent plus des tirs des snipers, (près de 250 journalistes ont été assassinés par Israël) sillonne Gaza dévastée, caméra au poing, pour honorer sa fonction de journaliste. En suivant ces deux personnages pendant 90 minutes, c’est la « guerre » vue de l’intérieur que nous livre À Gaza, à l’instant T, quelques semaines après le 7 octobre jusqu’en avril.
«Tout a commencé après l’assassinat du poète Refaat Alareer, en décembre 2023. Devant l’étendue et la durée des massacres à Gaza, je me sentais impuissante, mais je percevais un mouvement d’images différent des autres génocides restés invisibles (comme en Irak, par exemple), et que c’était donc au cinéma de poursuivre ce travail. J’ai écrit à plusieurs Gazaouis que je suivais sur les réseaux sociaux, en leur demandant s’ils étaient d’accord que j’utilise leurs images. La plupart ont accepté. J’ai constitué un stock entre les vidéos archivées depuis plusieurs mois et celles que mes correspondants à Gaza m’envoyaient. J’ai visionné près de 300 heures de génocide. Mon désir était de redonner une durée perceptible à ce qui se passait là-bas. La brièveté des reels sur Instagram ne permettait pas de comprendre réellement l’ampleur de cette violence ». Catherine Libert